Tradart , 1971
Entre les années 1950 et 1980, le remembrement fait disparaître une grande partie du bocage de l’Hexagone sous les lames des bulldozers. Le but de l’opération est de supprimer les haies pour installer l’agriculture intensive et motorisée dans les campagnes. Avec ces paysages, c’est toute une société rurale et un certain rapport à la terre qui s’effondrent. Les résistances furent nombreuses dans le monde paysan, la société civile et les artistes.
Précision : Les syllabes EN MAJUSCULES doivent être prononcées.
version originale:
voix lead:
Voix mediane :
Voix haute :
Bourdon :
Fin de transmission par les Rouge-Gorges, Séverac 2023 :
J’étais un pays humble et beau,
J’étais un’ terRE nourricière,
J’étais un pays humble et beau,
Des Perch’rons j’étais le berceau.
J’n’étais pas un pays facile,
Il fallait vouloir travailler
Mais on était récompensé,
Et comm’ le cidre désaltérait !
REFRAIN: C’est la faute au remembrement
Si l’eau disparaît des fontaines,
C’est la faute au remembrement
Si plus rien n’arrête le vent !
En été dans les chemins creux
S’enlaçaient les amoureux,
Les rossignols des alentours
Leur sifflaient des chansons d’amour…
Avec les branCHES de sureau
Les enfants faisaient des flûtiaux,
Existe-t-il un seul ruisseau
Qui n’ait pas fait tourner d’moulin à eau ?
Refrain
Les techniciens sont arrivés,
Les techniciens ont ordonné
Aux paysans manipulés
Toutes les haies ont arrachées,
Tout’ les collines ils ont rognées,
Toutes les mares ils ont bouchées,
Les vert’ prairies ils ont drainées,
L’Europe vert’ m’a torturé !
Refrain
La terre d’ici c’est ma peau,
Les haies la tenaient fermement,
Ell’ s’envol’ra avec le vent,
Ell’ se dissipera dans l’eau…
Et quand l’herbe aura disparu,
De quoi vivront les troupeaux ?
Craies et roches apparaîtront
Comme des os qu’on met à nu.
Refrain
Les braves gens que j’ai nourris,
Sous la contrainte m’ont trahi,
Aujourd’hui ils me mortifient,
À caus’ de l’Europ’ du profit.
Mais un jour les fleurs repouss’ront,
Toutes les haies ils replant’ront,
Et les pommiers refleuriront,
Ça s’appell’ra l’pays perch’ron !
Refrain
Mais gare à vous gens de Paris,
Car toute gloire est éphémère,
Et le pouvoir ne dure guère,
Les gens d’ici l’ont bien compris.
Et alors à l’abri du vent,
Le Perch’, les Percherons en liesse,
Connaîtront l’éternell’ jeunesse,
Et vivront mille et mill’ printemps !
Refrain 2 (x2)
C’est la faute au gouvernement
Si l’eau disparaît des fontaines,
C’est la faute au gouvernement
Si plus rien n’arrête le vent !