La Java des Bons Enfants

Paroles: Guy Debord, 1974
Musique: Marc Lemonnier

Le 8 novembre 1892, l’anarchiste Émile Henry, pose une bombe dans l’usine de la Compagnie des Mines de Carmaux. Le concierge trouve la bombe et la rapporte au commissariat de la rue des Bons-Enfants, où elle explosera, y tuant 5  personnes. Une sixième décédera d’une crise cardiaque. Guy Debord attribue sa chanson à Raymond Callemin dit «Raymond la Science», un des membres de la bande à Bonnot qui a été guillotiné en 1913.

Dans la rue des Bons Enfants,
On vend tout au plus offrant
Y’avait un commissariat
Et maintenant il n’est plus là.

Une explosion fantastique
N’en a pas laissé une brique,
On crut qu’c’était Fantomas
Mais c’était la lutte des classes.

Un poulet zélé vint vite
Y porter une marmite
Qu’était à renversement
Et la r’tourne imprudemment.

Le brigadier, l’commissaire,
Mêlés aux poulets vulgaires
Partent en fragments épars
Qu’on retrouve sur un buvard.

Contrairement à c’qu’on croyait,
Y’en avait qui en avaient.
L’étonnement est profond,
On peut les voir jusqu’au plafond.

Voilà bien ce qu’il fallait
Pour faire la guerre aux palais
Sache que ta meilleure amie,
Prolétaire, c’est la chimie.

Les socialos n’ont rien fait
Pour abréger les forfaits
D’l’infamie capitaliste
Mais heureusement vient l’anarchiste.

Il n’a pas de préjugés,
Les curés seront mangés.
Plus d’patrie, plus d’colonie,
Et tout le pouvoir il le nie.

Encore quelques beaux efforts,
Et disons qu’on se fait fort
De régler radicalement
L’problème social en suspens.

Dans la rue des Bons Enfants,
On vend tout au plus offrant
Y’avait un commissariat
Et maintenant il n’est plus là.

Dans la rue des Bons enfants,
Viande à vendre au plus offrant
L’avenir radieux prend place
Et le vieux monde est à la casse !