Le temps des cerises

Paroles Jean Baptiste Clément, 1866
Musique Antoine Renard, 1868


Bien que lui étant antérieure, cette chanson est néanmoins fortement associée à la Commune de Paris de 1871, l’auteur étant lui-même un communard ayant combattu pendant la Semaine sanglante. Son assimilation à la Commune s’explique aussi par son texte qui parle d’une « plaie ouverte », d’un « souvenir que je garde au coeur », de « cerises d’amour […] tombant […] en gouttes de sang », mots qui peuvent aussi bien évoquer une révolution manquée qu’un amour perdu. On peut aussi imaginer que les cerises représentent les impacts de balles ; balles auxquelles il est fait aussi allusion sous l’image des « belles » qu’il vaut mieux éviter. La coïncidence chronologique fait aussi que la Semaine sanglante se déroula justement durant la saison des cerises (fin mai 1871).

2 voix (Morizots 2021)


Voix Basse (Myriam – Morizots 2021)

Quand nous chanterons
le temps des cerises
Et gai rossignol et merle moqueur
Seront tous en fête
Les belles auront la folie en tête
Et les amoureux du soleil au cœur
Quand nous chanterons le temps des cerises
Sifflera bien mieux le merle moqueur

Mais il est bien court le temps des cerises
Où l’on s’en va deux cueillir en rêvant
Des pendants d’oreille…
Cerises d’amour aux robes pareilles
Tombant sous la feuille en gouttes de sang…
Mais il est bien court le temps des cerises
Pendants de corail qu’on cueille en rêvant !

Quand vous en serez au temps des cerises
Si vous avez peur des chagrins d’amour
Évitez les belles !
Moi qui ne crains pas les peines cruelles
Je ne vivrai point sans souffrir un jour…
Quand vous en serez au temps des cerises
Vous aurez aussi des peines d’amour !

J’aimerai toujours le temps des cerises
C’est de ce temps-là que je garde au cœur
Une plaie ouverte !
Et Dame Fortune, en m’étant offerte
Ne pourra jamais fermer ma douleur…
J’aimerai toujours le temps des cerises
Et le souvenir que je garde au cœur !

Ci-dessous un lien vers une ré-écriture en femmage à Nathalie Le Mel (1827-1921), ouvrière militante et féministe française. Elle naît à Brest où elle tient une librairie avec son mari, puis « monte » à Paris en 1860. Elle milite dans le syndicat des relieurs créé par Varlin en 1865. Elle organise un restaurant communautaire et, en avril 1871, crée une Union des femmes pour la défense de Paris. Pendant la Semaine Sanglante de la Commune, elle tient avec des femmes la barricade de la place Blanche. Elle est arrêtée et déportée en Nouvelle-Calédonie.
https://lesvoixrebelleschansonsfeministes.wordpress.com/2013/07/14/nathalie-le-mel/
Et pour les amateurs et amatrices de BD, il en existe une chouette sur sa vie: « Des Graines sous la Neige » raconte qui elle était, et son histoire.