La Chanson de Craonne

La chanson de Craonne, 1917

Pour celles et ceux qui veulent en apprendre plus sur la chanson de Craonne, c’est important d’écouter les deux émissions de « La-Bas si j’y Suis » de Daniel Mermet : 1ere émission2ème émission – 3ème emission – 4eme emission

Chanson anonyme écrite sur une  musique de Charles Sablon en 1911. Le texte fut recueilli par Paul Vaillant-Couturier (1892-1937), avocat puis journaliste et député, qui, entré dans la guerre avec enthousiasme, en sortit socialiste, revendicateur et pacifiste. Sous-officier dans l’infanterie; il finit la guerre capitaine dans les chars d’assaut – non sans avoir été blessé, gazé et cité à l’ordre de la Nation mais aussi condamné cinq fois pour son action en faveur de la paix.

Vivement condamnée, les autorités militaires offrirent une petite fortune à celui qui en dénoncerait l’auteur. Elle fut connue sous plusieurs noms dont : « Les sacrifiés », « Sur le plateau de Lorette » et « La chanson de Lorette ».

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Quand au bout d’huit jours, le r’pos terminé,
On va r’prendre les tranchées,
Notre place est si utile
Que sans nous on prend la pile.
Mais c’est bien fini, on en a assez,
Personn’ ne veut plus marcher,
Et le cœur bien gros, comm’ dans un sanglot
On dit adieu aux civ’lots.
Même sans tambour, même sans trompette,
On s’en va là haut en baissant la tête.

Refrain :
Adieu la vie, adieu l’amour,
Adieu toutes les femmes.
C’est bien fini, c’est pour toujours,
De cette guerre infâme.
C’est à Craonne, sur le plateau,
Qu’on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous condamnés
Nous sommes les sacrifiés !

Refrain :

8 jours de tranchées, 8 jours de souffrance,
Pourtant on a l’espérance
Que ce soir viendra la r’lève
Que nous attendons sans trêve.
Soudain, dans la nuit et dans le silence,
On voit quelqu’un qui s’avance,
C’est un officier de chasseurs à pied,
Qui vient pour nous remplacer.
Doucement dans l’ombre,
sous la pluie qui tombe
Les petits chasseurs
vont chercher leurs tombes.

Refrain :

C’est malheureux d’voir
sur les grands boul’vards
Tous ces gros qui font leur foire ;
Si pour eux la vie est rose,
Pour nous c’est pas la mêm’ chose.
Au lieu de s’cacher, tous ces embusqués,
F’raient mieux d’monter aux tranchées
Pour défendr’ leurs biens,
car nous n’avons rien,
Nous autr’s, les pauvr’s purotins.
Tous les camarades sont enterrés là,
Pour défendr’ les biens de ces messieurs-là

Refrain

Ceux qu’ont l’pognon, ceux-là r’viendront,
Car c’est pour eux qu’on crève.
Mais c’est fini, car les trouffions
Vont tous se mettre en grève.
Ce s’ra votre tour, messieurs les gros,
D’ monter sur l’plateau,
Car si vous voulez faire la guerre,
Payez-la de votre peau !

Si vous voulez la guerre, Payez-la de votre peau !